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200 Motels The Suites : Zappa au zénith à Strasbourg
22/09/2018
Ce n’est pas à Centerville mais dans la capitale du Grand Est que la première du spectacle 200 Motels The Suite de Frank Zappa a eu lieu. Le Zénith de Strasbourg ne pouvait pas mieux fêter ses dix ans, et le festival Musica combler d’aise les admirateurs du regretté moustachu.
La veille, histoire de réviser nos classiques, on s’était replongé dans “200 Motels” de Frank Zappa, millésime 1971 (CD Rykodsic RCD10513/14, hélas épuisé : debout zappa.com !), intarissable source de bonheur, bouillonnant brouet qui depuis des lustres (r)éveille nos sens en quête de collisions créatives. Sur les passerelles rêvées, en-musiquées puis couchées sur partition du Génial Moustachu, Igor, Edgar, Alban et György font la teuf’ avec des freaks en goguette, des rockeurs-virtuoses au taquet et des nonnes en chaleur.
On était donc fin prêt pour assister à la première de 200 Motels The Suites, créée en 2013 à Los Angeles sous la direction de Esa-Pekka Salonen avec le Los Angeles Philharmonic, la Los Angeles Master Chorale et, côté chant, Jeff Taylor, Diva Zappa, Michael Des Barres (entre autres), sans oublier, côté rockband, quelques figures notoires de la zappasphère, Ian Underwood, Joe Travers, Scott Thunes…
But tonight ladies and gentlemen, at Le Zénith de Strasbourg and presented by le Festival Musica, la musique est la même mais le casting tout autre. Devant nous se présentent the remarquables The Headshakers, les légendaires Percussions de Strasbourg, l’ensemble vocal Les Métaboles et l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg. Dès les premiers accords envoûtants de The Overture – « The true story of… Two hundred moteeeeeeels… Life on the road ! » –, la magie opère et l’irrésistible pouvoir de séduction de la Grande Musique Zappaïenne, qui balance si naturellement entre le savant et le populaire, stimule notre imaginaire.
Disons-le tout net : cette nouvelle version de 200 Motels The Suites mise en scène par Antoine Gindt (direction musicale, Léo Warynski, réalisation vidéo live, Philippe Béziat) est une grande réussite, et l’occasion unique de voir enfin sur scène cet opéra – comment ça « opéra rock » ? Non, opéra tout court, opéra populaire ou opérette déglinguée si vous voulez, mais certainement pas opéra rock.
Cinquante ans ou presque après la sortie du double 33-tours et du film, la richesse mélodique, les saveurs harmoniques, les délicieux soubresauts rythmiques et les paroles décapantes de 200 Motels révèlent sur scène leur intemporel pouvoir d’attraction, leur capacité à faire (sou)rire, mais aussi à émouvoir : une seule note, un seul accord zappaïen peut vous faire frissonner, et rien de tel que l’expérience live pour ça.
Au-dessus de la scène, un écrant géant permet d’apprécier les emballantes contributions des vocalistes : la pétulante et pétillante Marina Ruiz (Janet, la journaliste), Mélanie Boisvert (la soprano solo), Zachary Wilder et Nicholas Scott (Mark et Howard), l’épatant Lionel Peintre (l’animateur TV, alias Cowboy Burt) et Dominic Gould, alias Larry The Dwarf / Frank / Jeff. Rassurez-vous : les chansons sont sous-titrées, ce qui permet de goûter toutes les nuances acides et drôlatiques des paroles.
On nous souffle dans l’oreillette qu’il reste encore quelques places pour la représentation parisienne du dimanche 30 septembre dans la Grande Salle Pierre Boulez de La Philharmonie de Paris. Be there or be square ! •
Prochaine représentation Le 30 septembre à Paris, 18 h (La Philharmonie de Paris)
Bonheur : nos amis de France Musique ont enregistré le concert, qui sera diffusé mercredi 26 septembre dans « Le Concert du soir » d’Arnaud Merlin !
Photos amateures mais prises avec le cœur : © Florentin Poguin
Merci à Stéphane Roth, Hamid Si Amer et l’équipe d’Opus 64
Petit jeu : ami lecteur, sauras-tu reconnaître les deux envoyés spéciaux de muziq.fr qui, ô joyeux sacrilège, ont osé poser leur séant toute séance tenante sur la chaise de Maître Z ?
