Fandango, l’intégrale d’un groupe à (re)découvrir

Avant que Ritchie Blackmore ne l’invite à remplacer Graham Bonnet dans Rainbow, Joe Lynn Turner fut entre 1977 et 1980 le chanteur et le guitariste de Fandango, dont Cherry Red vient de rééditer les quatre albums en coffret.

Rainbow, Yngwie Malmsteen’s Rising Force, Deep Purple, une dizaine d’albums solo… : il en impose le c.v. de Joseph Arthur Mark Linquito, alias Joe Lynn Turner. Mais avant de devenir l’une des voix les plus subtilement “FMinées” de la planète hard-rock, il fut celle de Fandango, le groupe qui lanca sa carrière au crépuscule des années 1970. Mais il faut bien l’avouer : c’est après avoir écouté en boucle “Difficult To Cure” de Rainbow et “Odyssey” d’Yngwie Malmsteen (notoriété planétaire oblige) que les fans de hard-rock mélodico-épique s’amusèrent à chercher les albums de ce groupe qui avait échappé aux radars des music lovers hexagonaux, histoire de découvrir les épisodes précédents des aventures de Joe Lynn Turner – les fans de Deep Purple sont d’indécrottables compétistes… Détail amusant raconté dans les excellentes liner notes du livret signées Malcolm Dome : avant Fandango, Joe Lynn Turner était la voix d’Ezra, un cover band qui avait inscrit plusieurs chansons de Deep Purple à son répertoire (Highway Star, Rat Bat Blue…). Quant au guitariste de Fandango, ça ne s’invente pas, il s’appelait… Rick Blakemore ! Patronyme prémonitoire s’il en est…

Comme son titre l’indique, “Fandango Featuring Joe Lynn Turner – The Complete RCA Albums 1977-1980” réunit pour la première fois les quatre disques enregistrés par le groupe pour le label RCA : “Fandango” (1977), “Last Kiss” (1978), “One Night Stand” (1979) et “Cadillac” (1980). Loin des canons du hard-rock, la musique de Fandango évoquait plutôt celle des Eagles, de Little Feat, de Sea Level ou de The Marshall Tucker Band. Chant mêlés (Turner et Blakemore se partageaient le micro), guitares en harmonies, pianos électriques et grooves légers au programme. Life Of The Party (avec une apparition remarqué de David Sanborn au sax alto), The Mill’s On Fire et Dancer ont tous les charmes de la bonne série B. Le dernier album du groupe, “Cadillac”, un rien plus costaud, lève le voile sur le Joe Lynn Turner que l’on découvrira peu de temps après dans Rainbow. Blame On The Night aurait très bien ou figurer au répertoire du groupe au personnel (très) variable de l’ombrageux Ritchie Blackmore. “Cadillac” contient aussi les meilleures chansons du coffret (Headliner, Getaway…). Les complétistes évoqués plus haut savent donc ce qu’ils leur reste à faire : se procurer ce coffret avant qu’il ne devienne aussi collector que les rééditions CD séparées de chaque album. •

Coffret “Fandango Featuring Joe Lynn Turner – The Complete RCA Albums 1977-1980” (HNE Recordings / Cherry Red, sortie le 26/5)