Trois CD, un livret de vingt pages, un poster : la nouvelle version Deluxe de “The Butterfly Ball And Grasshopper’s Feast” de Roger Glover a tout de la réédition définitive.
Comme en témoigne le dernier numéro du mensuel Classic Rock, les branches de l’arbre de famille de Deep Purple sont encore plus nombreuses et variées qu’on ne le pense. Depuis que les (nombreux) ex-membres du groupe confondé par Ian Paice, Ritchie Blackmore et le regretté Jon Lord voguent solo ou créént d’autres groupes, on ne compte plus les albums marquants, qui ont fini par former un véritable univers discographique parallèle.
“The Butterfly Ball And Grasshopper’s Feast” en est un des fleurons, grâce à l’inoubliable Love Is All, mégatube porté par le fameux mini dessin-animé qui fit les beaux jours de l’ORTF et enchanté plusieurs générations de gamins qui, quarante ans après, se souviennent encore de cette joyeuse grenouille-troubadour qui emmenait dans son sillage souris, taupes, lapins et autres chenilles pour aller danser au Bal du Papillon. (Il y eut même une version française, chantée par Sacha Distel, Toutes les mêmes, mais dont les paroles gentiment mysogines ont moyennement bien vieilli…)
Quel musicographe en herbe n’a pas affirmé à l’heure de la récré que Love Is All était forcément une chanson des Beatles ? « Mais si j’te dis, c’est les Beatles… All You Need Is Love Is All – Mais nooon… D’abord, c’est pas All You Need Is Love Is All mais Love Is All. Pas pareil. Et c’est sur un disque du bassiste de Deep Purple, Roger Glover. Je le sais, j’ai le 33-tours. » Ok, le grand de 3ème avait le 33-tours… (Il m’énervait celui-là, il avait plein de disques que je n’avais pas, enfin, pas encore.) Faut dire, à la télé, ils ne précisaient pas toujours de qui était cette chanson… Elle était de Roger Glover donc, et volontairement composée dans l’esprit des Fab’ Four. Derrière le micro ? Ronnie James Dio, le little big man à la voix d’or, alors membre de Elf (dont Roger Glover et produit avaient produit plusieurs albums) et futur gosier ardent de Rainbow, Black Sabbath et Dio.
Quand on finit par s’offrir à notre tour le 33-tours de Glover d’occase au Marché aux Puces de Saint-Ouen, on découvrit que d’autres voix majeures de la Deep Purple Family avaient contribué à cette adaptation du livre de poèmes du XIXe siècle de William Roscoe dont un livre illustré pour enfants avait eu un grand succès en Angleterre en 1973 : David Coverdale, bluesy à souhait dans Behind The Smile, et Glenn Hughes, soulissime dans l’enjoué Get Ready. (Quoique fraîchement “remercié” par Deep Purple au moment où Ian Gillan avait claqué la porte, Roger Glover appréciait beaucoup Coverdale et Hughes.)
Et n’oublions pas, dans Watch Out For The Bat, John Gustafson, légende de la scène liverpuldienne des sixties (dont les fans de Deep Purple découvriront les talents de bassistes au sein du Ian Gillan Band), ni, dans No Solution, Mickey Lee Soule, le premier claviériste de Rainbow (après avoir été celui d’Elf).
Les voix féminines n’étaient pas en reste : Helene Chappelle et Barry St. John duettisent magnifiquement dans Saffron Dormouse And Lizzy Bee – on se croirait dans une comédie musicale de Stephen Sondheim –, et Liza Strikes est épatante dans Fly Away.
Quant à Ronnie James Dio, il ne chantait pas seulement Love Is All, mais aussi, tout en justesse et retenue, les délicats et mélancoliques Sitting In A Dream et Homeward (avec son touchant chœur d’enfant). Hé oui, cet immense chanteur aurait même pu faire carrière dans la pop ! Dans “The Butterfly Ball And Grasshopper’s Feast”, enfin, les accompagnateurs étaient au niveau des chanteurs : Mo Foster à la basse, Ray Fenwick à la guitare (qu’on retrouvera aussi dans le Ian Gillan Band), Mike Moran au piano…
La nouvelle version mini-coffret trois CD contient le disque original, un CD de neuf bonus tracks (dont la version demo de Love Is All) contenant aussi The Roger Glover Butterfly Ball Radio Special (très intéressante interview du bassiste qui raconte la génèse du projet) et un CD reprenant le 45-tours d’époque (avec la pochette originale).
Ne manque plus que ressorte officiellement le DVD du spectacle unique filmé par Tony Klinger le 16 octobre 1975 au Royal Albert Hall avec Helen Chappelle, Liza Strike, Barry St. John, Tny Ashton, David Coverdale, Glenn Hughes, Jon Lord, Vincent Price, Ian Gillan, Twiggy – mais pas Ronnie James Dio, privé par son nouveau boss Ritchie Blackmore de rester à la disponibilité de Rainbow… •
Coffret “The Butterfly Ball And Grasshopper’s Feast” (3 CD Purple Records / Cherry Red, déjà disponible)