Certainement pas ex-fan des sixties et des seventies, ce label catalan réédite avec gourmandise des opus soul, pop, rock et made in Brazil.
A propos d’Elemental Music, nous écrivions il y a quelques semaines : « Au moment où nos amis japonais semblent mettre un frein aux rééditions paper sleeve et collector, ce sont donc nos amis catalans d’Elemental Music qui prennent le relai en exhumant des albums rares ou disparus des radars. Pochettes originales (recto et verso, ça compte), détails discographiques complets, impression et pressage de qualité : les artisans indépendants prennent le pouvoir ». Constat : ils ne lâchent pas l’affaire ! Pour preuve, une nouvelle série de rééditions LP et CD d’albums parus dans les années 1960 et 1970 vient de fleurir dans les bacs.
Nos quatre coups de cœur ? “Back Stabbers” des O’Jays, publié à l’origine sur Philadelphia International Records en 1972, et l’un des meilleurs opus de ce trio vocal champion de la soul music consciente et subtilement engagée (When The World At Peace, Back Stabbers), ce qui n’exclue pas les toujours nécessaires messages d’amour (le célébrissime Love Train). Scintillante production trois étoiles courtesy of messieurs Kenneth Gamble et Leon Huff, les maîtres des studios Sigma Sound situés au cœur de Cité de l’Amour Confraternel, Philadelphie (alias Philly pour les intimes).
Quelques semaines après la sortie de “Lean On Me” du crooner soul-jazz José James, qui reprend douze standards de Bill Withers, la réédition de “+’Justments” (1974) tombe à pic. Cet album somme toute méconnu du génial Bill, s’il ne contient pas de classic song, n’en reste pas moins un essentiel, grâce à cette voix prenante, envoûtante, ces grooves sensuels et tout en retenue (Melvin Dunlap + James Gadson = section rythmique magique), et ces sonorités délicatements électriques. Ah, on souffle dans l’oreillette de votre Doc qu’il y a bien une classic song dans ce disque : The Same Love Love That Made Me Laugh. (Quant à la partie de Fender Rhodes dans Ruby Lee, jouée par Big Bill himself, jetez-y une paire de tympans attentifs.)
Et enfin, let’s go back to the sixties, et revivons les belles années du Swingin’ London à travers deux recueils de Burt Bacharach, dont les albums ressemblent aujourd’hui à des incroyables best of, tant chaque mélodie, ou presque, est entrée dans la mémoire colective (elles sont ici déclinées en mode instrumental easy listening, et, selon les titres, jazzystiquement vocalisées). Ainsi, “Hit Maker !” (1965) et “Reach Out” (1967) regorgent de tubes, dont on connait certes mieux les versions chantées (ou rejouées par des grands jazzmen), de Walk On By à The Look Of Love en passant par Don’t Make Me Over, Wives And Lovers, I Say A Little Prayer ou encore Alfie. Savante et populaire, la musique de Burt Bacharach (et de son inséparable compère Hal David) reste une inépuisable source d’inspration. Dans “Hit Maker !”, on notera la présence des meilleurs session men de la capitale grande-bretonne, dont John Paul Jones et Jimmy Page, futurs membres de…, aaah, comment s’appelle ce groupe déjà ? •
Également disponible
Gal Costa : “Gal Canta Caymmi” (Philips, 1976)
Bo Diddley : Let Me Pass” (Chess Records, 1965)
Teddy Pendergrass : “Life Is A Song Worth Singing” (Philadelphia International, 1978)
Leon Russell : “Stop All That Jazz” (Shelter Recordings Co, 1974)
Brewer And Shipley : “Weeds” (Kama Sutra, 1969)
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