Deux ans près les rééditions Deluxe des deux premiers disques du fier combo seventies incarné par Paul Rodgers, Mick Ralphs, Boz Burrell et Simon Kirke, “Run With The Pack” (1976) et “Burnin’ Sky” (1977) bénéficient à leur tour du même traitement de faveurs.
Chaque année qui passe – et il s’en est écoulé plus de quarante depuis la création du groupe – en apporte la preuve irréfutable : le rock viril gorgé de blues et de soul de Bad Company vieillit comme un bon vin. Avec leur statut de grands crus, “Bad Company” (1974) et “Straight Shooter” (1975), les deux premiers albums de messieurs Paul Rodgers (chant), Mick Ralphs (guitare), Raymond “Boz” Burrell (basse) et Simon Kirke (batterie), ont toujours fait passer “Run With The Pack” (1976) et “Burnin’ Sky” (1977) au second plan. C’est à la fois logique et un peu injuste.
Logique parce qu’en terme de songwriting et de fraîcheur d’inspiration, “Bad Company” et “Straight Shooter” se situent clairement au-dessus (à lire ici, la chronique de ces deux albums par Julien Ferté). Injuste parce que ces deux albums recèlent malgré tout de grands moments. Si un groupe de rock actuel enregistraient des chansons aussi fortes, bien construites et bien produites que Live For The Music, Love Me Somebody, Run With The Pack, Silver, Gold & Blue (dans “Run With The Pack”), Burnin’ Sky, Morning Sun ou Too Bad (dans “Burnin’ Sky”), sans doute crierait-on au renouveau du rock, ou quelque chose comme ça.
Comment résister, en effet, aux accents soul de Paul Rodgers dans Love Me Somebody ? Au riff hypnotique de Too Bad, signé Mick Ralphs ? Au côté bucolique et inattendu de Morning Sun ? Au groove lent de Burnin’ Sky ? (Mention au funkyssime Boz Burrell.) Aux somptueux arrangements de cordes de Run With The Pack, chanson rock “à piano” dont la coda majestueuse pourrait servir de BO pour un western tarantinesque imaginaire ?
Ces éditions Deluxe ne se moquent pas du chaland : elles contiennent chacune un CD bonus contenant son lot d’unreleased versions (vingt-huit en tout !), et un livret de seize pages richement illustré fourmillant d’anecdotes – big up à David Clayton. On notera que ces deux albums ont été enregistrés en France, à l’époque où nos quatre nouveaux riches managés par Peter Grant (le cinquième homme de Led Zeppelin) fuyaient leur pays d’origine pour ne pas être méchamment taxés par le fisc anglais… Au légendaire Chaâteau d’Hérouville, pour l’enregistrement de “Burnin’ Sky”, Rodgers & C° avaient succédé à David Bowie et Iggy Pop. Aah, les seventies… •
À écouter
“Run With The Pack” (2 LP ou 2 CD Swan Song Rhino / Warner Music)
“Burnin’ Sky” (2 LP ou 2 CD Swan Song Rhino / Warner Music)
NB : La qualité des pressages des versions vinyles est en tous points “deluxe” (on en mangerait !), mais ces beaux double albums gatefold sleeve ne contiennent en revanche pas les précieux livrets des versions CD. Ils auraient pourtant eu belle allure au format 30cm, mais sans doute la bonne maison Rhino a-t-elle estimé que les vinylophiles accordaient plus d’importance au son qu’à la lecture…
NB II : Quoiqu’un ton (bien) en dessous, “Desolation Angels” (1979) et “Rough Diamonds” (1982) bénéficieront-ils à leur tour du traitement Deluxe ? Suspense…