Azymuth, le retour

Des inédits inespérés, une réédition bienvenue : la discographie du combo jazz-funk culte brésilien s’enrichit encore.

À l’aube des années 1970, avant de devenir un trio adulé des deux côtés de l’océan Atlantique, Robert Bertrami (claviers), Alex Malheiros (basse) et Ivan “Mamão” Conti (batterie), alias Azymuth, firent leurs armes en tant qu’accompagnateurs auprès de Jorge Ben, Elis Regina ou Marcos Valle.
Entre 1973 et 1975, ils enregistrent leurs premières démos à Rio de Janeiro, dans le home studio de Robert Bertrami. Parmi celles-ci, Manhã, se retrouvera sur leur tout premier 33-tours éponyme publié par Som Livre en 1975 – à cette époque, Azymuth prenait un i et le u un tréma… “Azimüth” a déjà été réédité en 2007 par Far Out Recordings, et ce précieux label revient avec un nouveau cadeau sous le bras : les seize démos inédites gravée à Rio de Janeiro ! A cette époque, le son trio était etoffé par les percussions d’Ariovaldo Contesini, et l’Azymuth touch™ était déjà là, mélange savamment dosé de jazz, de funk et de samba, ou de samba doido si vous préférez (samba folle).
Feu Robert Bertrami (1946-2012) était gourmand de toutes les sonorités électr(on)iques de ses claviers – parfois, il nous donne l’impression de vouloir être Herbie Hancock et Keith Emerson en même temps : c’est assez joussif –, Alex Malheiros faisait vibrer sa basse comme ses plus prestigieux confrères afro-américains et Ivan “Mamão” Conti groovait sous (bonne) influence Robert “Stix” Hooper, le batteur des Crusaders.
La grande qualité des titres de “Demos (1973-1975) Volumes 1&2” comblera les complétistes du combo brésilien. Cet album s’impose donc comme un essentiel. Et il y a même une pièce en batterie solo de plus de sept minutes ! Commencez par Melo Da Cuica pour mesurer l’importance de ce disque…

Et comme un bonheur n’arrve jamais seul, un autre label indé vital pour les amateurs de bonne musique, Mr. Bongo, ressort “Águia Não Come Mosca” (1977), le deuxième album d’Azymuth, publié à l’origine sur le prestigieux label américain Atlantic. Un peu moins connu que les grands classiques Milestone (“Light As A Feather”, “Outubro”, “Telecommunication”…), il regorge cependant de morceaux irrésistibles, tels le sensuel Despertar, le funky A Presale, le joyeux et dansant Tamborim, Cuíca, Ganzá, Berimbau, ou encore Tarde, une reprise du génial Milton Nascimento (qui réenregistreront en 1983 pour l’album “Rapid Transit”). Bref, “Águia Não Come Mosca” s’impose tout autant que “Demos (1973-1975) Volumes 1&2”. Bonne journée et/ou bonne soirée à tou.te.s., votre Doc vous embrasse en direct de Rio. •

CD/LP “Demos (1973-1975) Volumes 1&2” (Far Out Recordings) et “Águia Não Come Mosca” (Mr. Bongo).