Triste nouvelle : Allan Holdsworth, virtuose hors-normes qui faisait l’admiration de tous, de ses plus prestigieux confrères à des centaines de milliers de fans de par le monde, vient de mourir à l’âge de soixante-dix ans. Légende vivante il était, légende tout court il est désormais.
Allan Holdsworth faisait partie de ces musiciens rares et vraiment cultes dont le nom revenait immanquablement dans les conversations de ceux que Prince appelait les real music lovers. – n’est-ce pas Guillaume, Félix, Michel, Daniel… ? Cet extraordinaire soliste faisait partie de cette génération née juste après la seconde guerre mondiale et qui, peu à peu, perd ses plus fiers représentants.
Bien peu de grands médias signaleront sa disparition, seuls les magazine spécialisés lui rendront hommage. Qu’importe. Ceux qui depuis des lustres ne peuvent vivre sans écouter régulièrement sa musique – dont, comme tant d’autres, je fais partie – n’auront évidemment pas besoin qu’on leur explique en quoi cet authenthique guitar hero aux allures d’anti-héros était unique. Personne ne jouait comme lui avant lui, et personne ne jouera comme lui après lui. De Frank Zappa à John McLaughlin, d’Eddie Van Halen à Vernon Reid, de Steve Vai à Pat Metheny, Allan Holdsworth suscitait l’admiration des plus grands. Ses improvisations sur six cordes d’une fluidité inouïe, ses compositions étranges et fascinantes, ses disques que l’on appris par cœur (“I.O.U.”, “Metal Fatigue”, “Secrets”, “Sixteen Men Of Tain”…), ses solos qui illuminaient les disques des autres (avec, entre autres, Tempest, Soft Machine, Tony Williams, Jean-Luc Ponty, U.K., Gong…)
Dans les jours prochains, le monde du jazz et du rock va pleurer discrètement la disparition d’un poète de la guitare dont chaque solo passait comme une étoile filante dans le ciel de nos vie d’amateurs de musique. Savoir que ce grand homme ne jouera plus jamais sur scène nous rend infiniment triste. Il nous restera pour toujours ses disques, mais…
Non, décidément, on n’écoutera jamais assez Hazard Profile, Fred, In The Dead Of Night, Three Sheets To The Wind, Metal Fatigue, In The Mystery, Ruhkukah, Rainy Taxi, etc. etc.Et d’un coup, le sublime et cafardeux Prelude de “Hard Hat Area” que je suis en train d’écouter en boucle me tirerait presque des larmes.
So long Allan, vous qui, il y a quelques années de cela, quand je vous avais interviewé, ne vouliez pas signer votre nom à côté de celui de Tony Williams sur la pochette de “Believe It”, parce que, me disiez-vous, vous « jouiez mal » sur ce chef-d’œuvre. Ah ah ah ! Mon pauvre Allan, si tous les guitaristes jouaient aussi mal que vous, il n’y aurait que des génies sur terre. Ça se saurait. (Heureusement, j’avais insisté : j’avais eu mon interview et ma signature.) •
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