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Terry Reid, de l’autre côté de la rivière
22/05/2016
En 1973, Atlantic publie le premier 33-tours américain du fantastique chanteur anglais Terry Reid, “River”, produit par le légendaire producteur Tom Down. L’aventure avait cependant commencé à Londres sous les auspices d’Eddy Offord. Le label Future Days Recordings vient de publier des inédits et des alternates takes de cet album à (re)découvrir d’urgence.
L’histoire est connue : en 1968, Terry Reid, l’un des chanteurs favoris d’Aretha Franklin (qui sait de quoi elle parle), est le premier choix de Jimmy Page, alors déterminé à redonner un coup de fouet à ses New Yardbirds, qui seront rapidement rebaptisés Led Zeppelin. Mais il décline l’offre du guitariste à cause du contrait qui le liait au producteur Mickie Most, pour qui il n’était pas question que son poulain rejoigne un groupe.
Cinq ans plus tard, Ahmet Ertegun finit par le libérer du joug de Mickie Most et lui fait signer un contrat d’enregistrement sur Atlantic. “River” est enregistré entre Londres et San Francisco avec David Lindley, Alan White (batteur de John Lennon et futur membre de Yes). Mais cet album pourtant remarquable ne fera pas de lui une star, loin de là, mais plutôt un secret bien gardé. Et bien sûr, Reid hérita de l’étiquette de “celui–qui-aurait-dû-être-le-chanteur-de-Led-Zeppelin”.
En 2006, c’est d’ailleurs un label indépendant, Water, qui empêcha “River” de tomber définitivement dans l’oubli. Et c’est donc un autre label indépendant, Future Days Recordings, branche de l’indispensable lable de rééditions Light In The Attic, qui vient de publier “The Other Side Of The River”, constitué de onze titres inédits, avec des chansons qui ne figuraient pas sur “River” et des alternate takes.
Certains morceaux ressemblent parfois à des jams “améliorées”, des chansons en devenir, mais l’ensemble est très abouti formellement. Dès l’ouverture, le splendide Let’s Go Down prend aux tripes : comment résister à cette voix déchirante et gorgée de soul ? (Essayez aussi Funny.) Country Brazilian Funk donne un aperçu de la culture musicale en cinémascope de Reid. L’émotion est palpable dans le bref Celtic Melody, qui aurait vraiment mérité d’être terminé.
On l’aura compris, cet inespéré “The Other Side Of The River” est le complément rêvé de “River”. Mais nous vous recommandons évidemment de commencer par “River”.
CD “The Other Side Of The River” (Future Days Recordings – Light In The Attic – Rhino / Import USA)
