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Classiq Rock

Rainbow et les nouveaux monstres

La perf’ du combo de Ritchie Blackmore au festival Monsters Of Rock 1980 vient enfin de paraître officiellement en cd et en dvd. Pour l’occasion, Julien Ferté a ressorti son blouson en jean sans manche, sur lequel il avait bien sûr cousu, naguère, un patch représentant un poing fermé sur un arc-en-ciel…

Rainbow 4 AfficheDonington Park, 16 août 1980, première édition du festival Monsters Of Rock. Prix du ticket : 7,50 £. Pendant toute la journée, 35000 lads enthousiastes vont successivement acclamer Touch, dont le chanteur avait avalé une abeille (histoire de faire monter le buzz ?), Riot, Saxon, April Wine, Scorpions et Judas Priest, featuring Rob Halford et sa Harley Davidson, qu’il prenait toujours soin de garer en double-file sur la côté de la scène.

La nuit tombée, la petite voix de Judy Garland s’échappe de la montagne d’amplis : « We must be over the rainbow… » Les fans le savent, cet extrait du Magicien d’Oz, le film préféré de tous les enfants du baby boom, sert d’intro aux shows de Rainbow. Les gorgent se déploient tandis que Ritchie Blackmore, Don Airey, Roger Glover, Cozy Powell et leur nouveau chanteur Graham Bonnet commencent à jouer Eyes Of The World, tiré de “Down To Earth”, le dernier album en date du groupe, qui venait de perdre son charismatique frontman Ronnie James Dio, parti rejoindre Black Sabbath.

Blackmore et son band enchaînent avec Love’s No Friend, Since You Been Gone (une reprise de Russ Ballard qui fut un inattendu tube pop), l’épique et ledzeppelinnien Stargazer (le Kashmir de Rainbow), Man On The Silver Mountain, Catch The Rainbow, Lost In Hollywood, qui se prolonge en une longue dérive en Guitar Solo durant laquelle Ritchie Blackmore trinque à la santé de Jimi Hendrix (qui se marre bien) et de Ludwig Van Beethoven (qui fulmine).

Rainbow 3 MontagePuis Don Airey fait l’idiot sur ses claviers (citation du riff de Smoke On The Water dans son fort heureusement bref Keyboard Solo), juste avant que Cozy Powell fasse trembler le sol boueux du Donington Park avec son homérique et habituel Drum Solo (modèle déposé sur son premier album solo, “Over The Top”, paru en 1979).

Premier Rappel. Les affaires reprennent avec un début de relecture furibard de Lazy, standard certifié de Deep Purple, qui sert en fait d’introduction à All Night Long, chanson au riff attrape-tympan et au refrain ballot-macho taillée pour les foules en délire – ça tombe bien : Graham Bonnet se met à jouer du public à coup de hurlements et de sifflets. On se calme avec Blues, et plus encore avec Will You Still Love Me Tomorrow ?, une reprise des Shirelles (ben oui).
Coda : le rassembleur Long Live Rock’n’Roll, suivi d’une version instrumentale de Kill The King.

Les 35000 fans ne le savent pas encore, mais ils viennent de voir l’ultime concert de cette formation de Rainbow. Dès l’album suivant, Graham Bonnet sera remplacé par le plus consensuel et radio friendly chanteur américain Joe Lynn Turner, et Cozy Powell, dont les sucrettes façon Since You Been Gone n’étaient pas la cup of tea, par Bobby Rondinelli.

Rainbow 2 PochettePendant longtemps, les seuls extraits de ce concert publiés officiellement furent les versions de Stargazer et de All Night Long égosillées par Graham Bonnet sur le 33-tours “Monsters Of Rock”, paru en 1980. Depuis, moult cd et dvd pirates, sans parler de YouTube, permirent d’entrapercevoir toujours plus d’extraits de ce concert de Rainbow, dont les performances tanguaient toujours dangereusement entre le ridicule et le jubilatoire.

Grâce à Eagle Vision, douze chansons – celles qui apparaissent en italique et en gras ci-dessus – sont enfin fixées officiellement sur cd, même si le son est parfois proche d’une qualité bootleg. Mais l’événement est d’ordre visuel : les seules images subsistantes du concert sont réunies sur le dvd. Trente minutes, lads, trente minutes qui arrivent certes avec trente-six ans de retard, mais qui procurent malgré tout un plaisir joyeusement coupable.
Mention à Graham Bonnet, soulman égaré dans le monde du heavy rock, et dont le look so Las Vegas tranchait avec la dégaine “Ritchouille la fripouille” de son patron.
Cet été pour la dernière (?) fois, Ritchie Blackmore, 70 ans, rejouera de la guitare électrique très fort sur scène. Frissons garantis. Et au moins, lui, il mouille la chemise ! Pas comme d’autres – « Hey, Jimmy, je me gourre ou tu nous avait annoncé ton comeback l’an dernier ? » (Soupirs.) « Long Live Ritchie Blackmore ! »

CD / DVD Rainbow : “Monsters Of Rock – Live At Donington 1980” (Eagle Vision / Universal, sortie le 22/4)