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Moi, Reggie Lucas, 22 ans, guitariste de Miles et futur producteur de Madonna

En 1975, Reginald Grant “Reggie” Lucas est un gamin de 22 ans tout fier de faire partie du groupe de Miles Davis et d’y mettre le feu électrique en compagnie de son confrère Pete Cosey. Le 29 juillet, il entre en studio à New York pour enregistrer son premier disque sous son nom. Il vient d’être réédité en CD.

Tous les musiciens qui ont joué avec Miles le savent : jouer avec lui vous met en pleine lumière. C’est sans doute lors d’une tournée japonaise avec le trompettiste – celle de février, documentée par “Agharta” et “Pangaea” – que Reggie Lucas a été approché par les producteurs du label japonais East Wind, qui lui offrirent le budget nécessaire pour assembler un groupe de serious electric jazz cats et squatter – oh, juste quelques heures… – le Minor Studio. A ses côtés : Hubert Eaves et son arsenal de claviers (Fender Rhodes, Hohner D-6, Clavinet, ARP Synthetiser), Michael Henderson et Anthony Jackson à la basse électrique (excusez du peu), Howard King à la batterie, une sections de souffleurs pour la touche R&B et, aux percussions, un autre membre du Miles Davis Band, James “Mtume” Foreman, avec lequel il formera un duo, dédié à la production d’artistes soul – Phyllis Hyman, Stephanie Mills, les Bar-Kays… En 1983, Lucas sera le producteur principal du premier album d’une certaine Madonna.

Reggie Lucas CDMais revenons dans la Grosse Pomme en 1975. Son premier 33-tours, le jeune Reggie le nommera “Survival Themes”. C’est, en tous sens, un disque à deux faces. Sur la première, trois friandises jazz-funk-soul, un rien sucrées-salées, typique du milieu des seventies. La sonorité un rien piquante de la guitare tranche avec les synthés cotonneux et les grooves moelleux. Rien de bien mémorable mais, comme les bonbons de notre enfance, un inattendu goût de reviens-y.

Sur la seconde, une folie en guitare(s) solo en quatre parties de près de vingt minutes, épicée par les percussions de Mtume. Là encore, Lucas n’est pas tout à fait à la hauteur de ses ambitions, mais dans la dernière partie, Electric Reflection, à force de secouer le fantôme assoupi de Jimi Hendrix, il finirait presque par le réveiller ! (Mais on raconte que Sonny Sharrock, en découvrant Survival Themes, aurait déclaré : « Hmm, this young cat seems to dig my style… »)

Allez, pour à peine plus de 10 € au rayon jazz de chez Gibert Joseph, n’hésitez pas.

CD “Survival Themes” (East Wind / Import Japon, disponible au rayon jazz de Gibert Joseph ou sur cdjapan.co.jp)