Publiés par surprise il y a quelques jours, les huit titres sans titres d’“Untitled Unmastered” forment-ils un vrai album ou sont-ils les bonus tracks d’une future édition Deluxe de “To Pimp A Butterfly” ?
On a rien contre les EP digitaux, et comme tout le monde (?), on a payé notre écot pour s’offrir les huit fichiers audio mpeg stéréo qui, mis bout à bout, forment “Untitled Unmastered”, le follow up du monumental “To Pimp A Butterfly”. Mais on aurait préféré découvrir le nouveau Lamar à l’ancienne, en cd, en compulsant fiévreusement le livret pour savoir qui rappe (outre le rimeur en chef), qui chante, qui souffle, qui (co)produit, etc., etc. “Untitled Unmastered” sortira sans doute bientôt en compact disc, voire en finyl vinyl, mais l’excitation sera retombée.
Car il faut bien l’avouer : on s’y accroche aux titres sans titres d’“Untitled Unmastered”, mais ils ne nous procurent pas tout à fait les mêmes free sons que l’opus magnum de l’an dernier – qu’on a paradoxalement plus souvent écouté sur notre lecteur mp3 que sur notre chaîne hi-fi…
Avec un surdoué du calibre de Lamar, l’attente est grande. L’exigence itou.
Alors, déception ? Non non ! Considérons donc les trente-quatre minutes SSP (Sans Support Physique) d’“Untitled Unmastered” comme un simple post-scriptum à “TPAB”, voire l’exclu digitale du bonus disc de sa future Deluxe Edition (rêvons un peu).
Déception non non, donc. Parce que cette série de Untitled augmentés de dates forcément signifiantes (l’analyse du site bustle.com est fort intéressante) livre malgré tout son lot de pépites. Untitled 05 l 09.21.2014. par exemple, featuring Jay Rock, Robert Glasper au piano et, sans doute, Terrace Martin au saxophone alto : un titre aux saveurs jazz comme on les aime. Untitled 06 l 06.30.2014. aussi, avec le vétéran CeeLo Green, un titre mutin et funky. On aime aussi untitled 02 l 06.23.2014., où le timbre nasillard et le phrasé ondulant de Kendrick L. font la différence. Et untitled 07 l 2014 – 2016. ? Pas mal, pas mal, ce côté décousu, cassé-recollé, post-hip-hop, un brin zinzin (on songe par instant aux prods nineties de RZA), cinématique, angoissant… Et puis cette seconde partie, le Lamar qui fait son bluesman de cuisine, son Robert Johnson à la petite semaine… Pourquoi pas ? (Il est libre Kendrick, y’en a même qui l’ont vu voler. Et mettre le feu au Grammy Awards : The Blacker The Berry littéralement enchaîné/déchaîné avec Alright, c’était incroyable, non ? Limite historique même… Common applaudissait à tout rompre : ah !, comme il avait raison.)
Mais la version studio d’untitled 03 l 05.28.2013. ne pourra pas nous faire oublier sa première incarnation live, au Colbert Report – et où est passé la fantastique coda, « We don’t die, we multiply » ?
Alors, « Pimp, pimp, hurraaaaah », vraiment ? Hmmm… Vivement le nouvel album ! Mais rien ne presse. Qu’il peaufine son affaire. Que le soufflé ne retombe pas trop vite… Attention au syndrome André 3000… (Génial en 2003, has been, ou presque, en 2016.)
See u soon KL, but not 2 soon… Et un concert en France, c’est quand tu veux.
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