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J Dilla, l’album inédit

Feu J Dilla, « Le John Coltrane du hip-hop », dixit Madlib, est à juste titre révéré pour ses productions hip-hop. Avec “The Diary”, album inédit sauvé des eaux par sa famille et ses proches collaborateurs, on le (re)découvre MC.

J DILLA Photo 2

Depuis sa disparition, le 6 février 2006, on ne compte plus les producteurs hip-hop, les rappeurs et les musiciens de jazz (Jaimeo Brown, Robert Glasper, Marcus Strickland et Terrace Martin, pour n’en citer que quelques-uns) qui se réclament de l’infuence de James Yancey, alias J Dilla. Dans son autobiographie, le batteur de The Roots, Ahmir “Questlove” Thompson, évoque avec passion son génie sonore et l’élève au niveau des Beatles, des Beach Boys ou de Prince.
Il est vrai que J Dilla avait de la magie dans les doigts. Avec lui, quelques lambeaux de musique glanés sur les vinyles de sa collection se transformaient souvent en quelque chose d’inouï. On ne lassera sans doute jamais d’écouter les chefs-d’œuvre de Common, A Tribe Called Quest, Slum Village, D’Angelo et The Pharcyde qui portent sa griffe sonico-rythmique. Sans parler du sublime et bouleversant “Donuts”, auquel Jordan Ferguson a consacré un livre passionnant dans la collection 331/3 (éd. Bloomsbury).

J DILLA Pochette OKMais voilà donc, près de quinze ans après sa gestation, que sort enfin “The Diary”, un album produit – en partie –mais surtout rappé par J Dilla, et que MCA avait en son temps refusé de sortir (les raisons sont précisément expliquées dans le livret).
Derrière un micro, J Dilla n’était peut-être pas aussi novateur que quand il manipulait des sampleurs et des boîtes à rythme, mais son phrasé était somme toute convaincant. Et les producteurs invités de “The Diary” n’étaient pas des demi-sels : Pete Rock, Hi-Tek et Madlib, entre autres.

Outre quelques rap songs originales et des invités prestigieux (Snoop Dogg et le jeune Bilal, qui n’avait pas encore publié son premier album à l’époque), deux reprises captent tout particulièrement l’attention.
Celle de Cars de Gary Numan d’abord, rebaptisé Trucks. Et plus encore celle, sévèrement déconstruite et reconstruite (ce qui lui donne un côté “vraie-fausse reprise” assez troublant), de Drive Me Wild de Vanity 6, produite par Karriem Riggins, et featuring Pino Palladino à la basse, Questlove à la batterie et un autre grand disparu qui nous manque, Jef Lee Johnson à la guitare (le son d’ensemble est proche de celui de l’album de Common, “Electric Circus”).

Quand on aime J Dilla, on veut tout écouter, tout avoir, et “The Diary”, qui ne dévoile pas forcément dès les premières écoutes ses trésors d’invention, se doit de figurer dans la compactothèque de tout hip-hop lover sérieux.
On prendra également soin de lire les deux textes du livret (signés Ronnie Reese et Eothen Alapatt, un ex du label Stone Throw), en appréciant, pour une fois, le soin accordé aux détails discographiques (dates, lieux, etc.).

Le 24 septembre, le Smithsonian’s National Museum of African American History and Culture ouvrira enfin ses portes. Les visiteurs piurront y admirer visitors la MPC le synthétiseur Moog de J Dilla…

CD / LP J Dilla : “The Diary” (Pay Jay / Differ-Ant)