Frank Zappa aimait le Ritz complet

16/05/2015

Le label Gold Fish a publié il y a quelques mois un album live de Frank Zappa, “Puttin’ On The Ritz”, que l’on vient de trouver chez un disquaire parisien renommé. Visite guidée – du disque, par du magasin.

Le 27 septembre 1981, Frank Zappa débute une nouvelle tournée américaine avec un groupe dont le line up laisse aujourd’hui rêveur : Steve Vai est à la seconde guitare (ou plus précisément à la stunt guitar, la guitare acrobate), Ray White au chant et à la guitare, Robert “Bobby” Martin et Tommy Mars aux claviers (et au chant itou), Scott Thunes à la basse, Chad Wackerman à la batterie et Ed Mann aux percussions. Ses fans qui viennent en masse aux concerts viennent sans doute d’acheter coup sur coup le double album live “Tinseltown Rebellion” (paru en mai) et le double album studio “You Are What You Is”. Les hardcore fanatics ont quant à eux ajouté à cette somme déjà conséquente les trois lp instrumentaux que le Génial Moustachu™ ne vendait alors que par correspondance : “Shut Up ’N’ Play Yer Guitar”, “Shut Up ’N’ Play Yer Guitar Some More” et “Return Of The Son Of Shut Up ’N’ Play Yer Guitar”.
Bref, leur héros aura un sacré paquet de nouveaux morceaux à interpréter avec son nouveau groupe ! Ce qu’il ne se prive pas de faire… Les set lists des shows du U.S. Tour 1981 reposant quasi exclusivement sur des titres issus des classiques eighties évoqués plus haut, mais aussi d’albums qui sortiront les années suivantes (“Ship Arriving Too Late To Save A Drowning Witch”, “The Man From Utopia”, “Them Or Us”…)

Le 17 novembre, après déjà plus de trente-cinq gigs effectués de Sacramento à Fort Lauderdale en passant par Las Vegas, FZ et ses Boyz posent leurs valises et leurs flight-cases à New York. Ils sont à l’affiche du Ritz, le nouveau club rock d’East Village. Ce concert circule sous le manteau depuis des lustres avec un son d’excellent qualité, parce que qu’il fut à l’origine enregistré par la radio WLIR FM, et diffusé à l’époque sur toute la Côte Est. Le label Gold Fish a récemment publié un double CD qui reprend la totalité de cette broadcast. Paru en 2014, il n’est certainement pas approuvé par le Zappa Family Trust™ – c’est, comme on dit, un bon vieux bootleg… –, mais comme nous venons de l’acquérir pour la modique somme de 18,26 € chez Gibert Joseph à Paris, l’envie était trop forte de vous faire partager notre émoi. (Si Gail et Dweezil nous lisent, qu’ils sachent que nous venons de passer commande sur zappa.com de “Dance Me This”, le centième album officiel du Maître, et que nous l’attendons avec impatience.)

Trente morceaux ! Rien à jeter ! Des instrumentaux à se damner – What’s New In Baltimore ?, Sinister Footwear, Zoot Allures, Black Page #2, Moggio, Watermelon In Easter Hay, Envelopes…– auréolés de soli électrisants ! Une collection de chansons au poil – Mudd Club, Dum All Over, Goblin Girl, Bamboozled By Love… – interpretées avec une maestria vocale qui laisse pantois ! Quelle ambiance, quelle mise en place, quel professionnalisme, quel respect du public, quelle incroyable virtuosité ! Tous les morceaux s’enchainaient ! Quand soufflaient-ils ? Rock ! Hard-rock ! (Stevie’s Spanking tourne à l’orgie électrique via les doits de feu mêlés de Steve Vai et de FZ.) Reggae ! Doo-Wop ! Jazz ! Et puis les deux perles : Clowns On Velvet avec, en improbable special guest star, Al Di Meola, le shredder en fusion, qui joue si vite que l’on a envie d’éclater de rire ! (Etait-ce vraiment l’effet recherché ? Quoi qu’il en soit, le soliste star de Return To Forever n’a jamais voulu que ce titre soit publié officiellement…) Perle n° 2 : une reprise totalement inattendue du chef-d’œuvre pop-cheveux-aux-vent de Christopher Cross, Ride Like The Wind ! Chantée par le technicien batterie de la tournée, Brian Peters, et encore une fois déchirée par les notes ultra speed d’Al Di Meola. Awesome, comme on dirait là-bas !